Nous sommes à deux canaux de la piazza San Marco et à un pont de La Fenice, à découvrir au choix en motoscafo –les bateaux taxis-, en Riva ou en gondole pour les moins pressés ou les plus romantiques, pour apercevoir enfin la façade majestueuse de l’hôtel, ornée de chimères, filles de Poséidon, qui rappelle la puissance de la Sérénissime acquise par les eaux.

Vu de l’autre côté, le Nolinski Venezia, fleuron italien du groupe Evok dont c’est la première implantation hors de France, s’impose dans une des rues les plus larges et les plus fréquentées de la ville, en plein coeur du quartier des commerces de luxe. Fenêtres et balcons témoignent de l’activité maritime qui fit la puissance et la richesse de la ville. Symboles que voulurent les commerçants pour ce bâtiment atypique qui abritait la Bourse du Commerce de Venise. Achevé en 1929, le bâtiment domine par sa hauteur. Seuls le campanile et le duomo de la basilique San Marco le surpassent aux alentours.

Art nouveau, Stile Liberty et modernisme, l’architecture d’Umberto Bellotto est ancrée dans une époque qui mêlait les genres avec bonheur. Protégé par les Monuments Historiques vénitiens, le bâtiment regorge d’ouvrages de fer forgé uniques. Il faut, au moins une fois, emprunter le grand escalier pour apprécier tous les détails cachés dans les gardes-corps. Restaurés et magnifiés, les sols en Terrazzo et les murs en stuco marmorino mettent en lumière des techniques ancestrales purement vénitiennes. Originaire des Pouilles mais installé à Venise depuis 2006, renommé dans le domaine de la protection du patrimoine architectural et culturel, Alberto Torsello était la figure incontournable pour mener à bien et en respect le projet d’envergure de transformer l’ancienne Chambre de Commerce de Venise en un hôtel de luxe. Ce projet, Alberto l’a mené avec trois ambitions intimes. Faire du Nolinski non pas un hôtel international mais bien un hôtel vénitien. La décoration intérieure, résolument contemporaine, se fond à merveille dans ses murs qu’elle a adoptés grâce au talent cumulés des décorateurs Yann Le Coadic & Alessandro Scotto.

43 chambres dont 13 suites

Sur cinq étages, dans les 43 chambres***** dont 13 suites, l’Art et la Matière règnent en maître : stucco marbro et marmorino rivalisent de noblesse avec les boiseries et huisseries de mango, tandis que les oeuvres d’art anciennes et contemporaines apportent le complément idoine sans que cela puisse choquer en rien l’amateur de l’un ou de l’autre. Le lobby, le patio et son café, le bar bibliothèque – au troisième étage- couronné d’une fresque de l’artiste Simon Buret, fier de ses 4000 ouvrages, hommage à l’imprimerie qui trouve son origine à Venise, le restaurant gastronomique, et jusqu’au spa d’inspiration ottomane proposent une expérience unique, hors du temps.

Chacune des chambres offre une expérience unique. Des matières nobles issues du travail artisanal dont les savoir-faire ancestraux ont traversé le temps. Les têtes de lit sont faites de stucco marbro, un revêtement chaleureux ; les portes, coulissant d’une intimité à une autre, sont revêtues de métal. Réalisées par un maître verrier de Venise, les lanternes de verre soufflé s’inspirent de celles du Palais des Doges. De style Art Déco italien, les meubles sont inspirés des bibliothèques du designer Franco Albini. Clin d’œil à la façade de l’hôtel, dans chaque salle de bain un poulpe en mosaïque accueille de ses bras déployés tous ceux venus y chercher le repos et l’apaisement.

Le Spa Nolinski, le Bassin

Repos et apaisement, c’est aussi le credo du spa. Au troisième étage, il offre une échappée sensorielle hors du temps dans un décor élégant. De haute technicité, chaque soin d’exception est une invitation à vivre le Swiss Bliss : un voyage des sens au cœur de la nature pure des Alpes Suisse, ou encore vivre l’expérience d’un rituel prestigieux La Colline. Élément star dédié à la détente, posé au dernier étage, le Bassin couronne l’hôtel qui domine la ville par sa hauteur. Unique et exceptionnel à Venise, il offre une vue à 360° sur les toits vénitiens. Les travées historiques des combles proposent une expérience inédite : se relaxer autour et dans l’eau d’un bassin aurifère tout en contemplant en vision panoramique les cimes de la Sérénissime.

Il caffè Nolinski et le Bar

La gastronomie participe à cette fête des sens. Adresse confidentielle connue des initiés, l’accès au Il caffè Nolinski se fait par l’une des deux anciennes portes de la Bourse du Commerce. L’entrée mène à une cour intérieure où la terrasse et l’enceinte accueillent passants et résidents de l’hôtel, en quête de sérénité dans le calme voluptueux d’un patio verdoyant. Inspiré de l’androne, hall en rez-de-canal des palais vénitiens dédié aux affaires et au stockage, Il Caffè en reprend tous les codes avec modernité : sol de pierre, plafonds à caissons, briques anciennes et murs blanc jouant de contraste avec les couleurs chaleureuses des velours et des décors. Le mobilier est inspiré du Gondole Art. Les longues banquettes dont la brillance des bois laqués et l’épaisseur des assises rappellent l’embarcation de légende qui forme l’imaginaire vénitien. Les miroirs muraux et panneaux cuivrés rivalisent pour capter la lumière unique de la ville, on s’installe devant la carte du jour pour un autre moment plaisir. Des crudo (poissons et viandes crus marinés), des pinsa romana, des cicchetti, des pizzettes délicieuses, des pasta à la genovese avec une vraie crème de basilic, l’Italie et la Méditerranée sont en osmose dans une cuisine inspirée. Avant son repas, ou peut-être après pour prolonger l’instant, le bar est incontournable. Le bois, les livres et le piano enveloppent de chaleur celui qui s’y installe. Tout est fait pour s’y sentir libre et bien. On peut simplement s’y poser, s’y restaurer dès le petit-déjeuner, y attendre un rendez-vous ou y travailler.

Bientôt, le Palais Royal Restaurant Venezia

L’amphithéâtre de l’ancienne Salle du Conseil accueillera le restaurant gastronomique au printemps2024. Les arts de la table s’érigeront en maître. Encore une fois le classicisme et contemporain s’accordent avec art. L’argenterie brille et se reflète dans la verrerie. Le verre à eau, création exclusive pour Nolinski du maître verrier Avem, joue avec le thème marin insufflé dans l’hôtel. Côté décors, de grandes arches de style byzantin – plus de 7 mètres – confirment que la scène se déroule à Venise. Datant des années 50, un grand lustre apporte sa touche grandiose alors que les appliques assorties, créées par la célèbre maison Barovier, sise à Murano depuis le 13e siècle, elles illuminent les assiettes. Installées en pourtour, les banquettes de velours dirigent le regard des convives vers le centre de ce théâtre gastronomique où le ballet des serveurs jouera dans un style grand siècle attendu. C’est annoncé, la cuisine vise les étoiles. Et pour réussir ce pari, on mise sur le talent du chef Philip Chronopoulos qui entend mêler sa Grèce natale, l’Italie, tout en puisant dans les techniques de la cuisine française, un œil sur l’identité du Palais Royal Paris. Son parcours, d’abord à l’École Bocuse, puis chez Passard ou encore Robuchon assure de sa maîtrise. Il est clair que ce restaurant apportera à l’ensemble ce petit plus propre à une grande adresse. Et en la matière, ce Nolinski Venezia est vraiment une grande adresse.

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