Ces temps-ci, on voit renaître l’astrologie comme véritable outil d’une meilleure connaissance de soi, en lisant Sorcières – La puissance invaincue des femmes, le best-seller de Mona Chollet, les posts humoristiques d’Astrotruc, le compte Instagram pop référence dans le domaine, ou encore avec les pushs ultra personnalisés de l’application Co-Star… Autrefois ringarde, l’astrologie est (re)devenue « in ».

Longtemps cantonnée aux dernières pages des magazines féminins ou aux discussions des machines à café, l’étude des astres est aujourd’hui non seulement mieux acceptée, mais surtout symbole du cool. Chacun se l’approprie comme il l’entend. Podcasts, applis, livres, sites… Les signes du zodiaque sont devenus de véritables agents d’identité qui révèlent une part de notre intimité profonde. Une tendance IRL (in real life), qui est aussi un thème chéri des maisons de joaillerie. Médailles gravées, bagues symboliques, gris-gris et bracelets de constellations…

Les designers laissent libre cours à leur imagination. Le mot d’ordre ? Laisser parler sa personnalité et ses croyances. Depuis maintenant plusieurs saisons, les bracelets Ku-mali, signés ShanShan, sont devenus des must-have aux poignets. Ces bijoux pop, réalisés à base de feuilles d’or bénies et gravées de mantras, sont chacun scellés d’une prière de protection et d’huiles sacrées, destinés à porter chance. « Il y a un retour du “bijou-thérapie”, qui amène une certaine réponse à une quête de sens. Aujourd’hui, nous cherchons un bijou plus personnel et charismatique plutôt qu’un bijou de pouvoir et de statut », analyse Emmanuelle Hyzon, directrice artistique chez Leherpeur Paris.

Pour elle, il y a un rapport mystique et symbolique aux breloques. « Cela amène une nouvelle dimension spirituelle à travers des expressions parfois très pop », précise-t-elle.

AUX SOURCES D’UNE PASSION

Cette passion ésotérique ne date pas d’hier. À l’image des médailles en or gravées de Van Cleef & Arpels, apparues dans les années 1950, et depuis renouvelées, ou encore, des broderies ésotériques des années 1930, signées Schiaparelli, les créateurs intègrent les signes du zodiaque dans leurs collections, depuis plusieurs décennies.

L’idée  ? Conjuguer la poésie des constellations et laisser exprimer toutes les nuances de chaque personnalité. Depuis maintenant plusieurs saisons, les créateurs en poste s’en inspirent. L’idée  ? Créer du sens et inviter à la rêverie. Sous l’impulsion de son directeur artistique Daniel Roseberry, la maison Schiaparelli tient à perpétuer l’amour de « Schiap » pour le ciel et les constellations. Lors de sa collection printemps-été 2021, le designer texan a présenté une nouvelle collection de bijoux astrologiques.

Parmi les lignes iconiques, celles dédiées aux signes du zodiaque de Pamela Love ou encore le médaillon Love You To The Moon And Back de Marie Lichtenberg. Toutes les maisons impriment leur patte, à l’image des colliers pop chez Mage ou encore la ligne fantaisiste Zodiac de la griffe londonienne Missoma. Pour beaucoup, cet engouement pour les bijoux astro traduit une certaine envie d’affirmer sa singularité.

UNE FAÇON DE SE SENTIR UNIQUE

Depuis toujours, acheter un bijou a une portée émotionnelle mais, désormais, nous sommes prêts à affirmer notre personnalité. Ainsi, les signes astrologiques, les initiales, les pierres de naissance que l’on accroche à son cou, aux oreilles ou que l’on porte au doigt, délivrent certains indices sur qui on est. « Il y a un intérêt croissant pour les pièces personnalisables. Les services de personnalisation de bijoux sont très populaires ces dernières années », explique Aloïs Guinut, styliste, créatrice du site dresslikeaparisian.com, en 2014.

L’enjeu ? Trouver la pièce qui vous correspond le mieux. « Il y a quelque chose de plus émotionnel dans un bijou que dans un vêtement. Il y a une dimension très personnelle, c’est un objet qui nous représente. Il y a aussi une tradition de transmission, celle d’un parent ou grand-parent à ses enfants. Un bijou est chargé d’histoire  », précise Emmanuelle Hyzon.

GÉNÉRATIONS ASTRO

S’il ne date pas d’hier, ce désir de se sentir unique est aussi l’expression d’une génération marquée par diverses crises sociales et sanitaires. C’est dans ce besoin d’expression et de connexion à l’autre que Mara Lafontan a créé, en juillet 2022, la première ligne de bijoux ésotériques baptisée La Fontana.

Le concept  ? Des bagues ornées de pierres qui ont chacune une signification, et révèlent subtilement un message, une protection. «  C’est une histoire très intime. Ces bijoux sont tirés d’histoires personnelles. C’est leur expression viscérale », affirme la créatrice. À travers ses pièces, Mara Lafontan souhaite traduire l’expression d’un symbole. « Chaque bague représente quelque chose. Ensuite, j’ajoute une pierre qui l’incarne.

En plus d’avoir un joli bijou au doigt, on se rappelle ce qu’il représente. On s’intéresse au design mais aussi à sa signification. Beaucoup de clientes veulent savoir si la pierre qu’elles ont choisie est en conjonction avec leur signe et leur énergie », explique-t-elle. Dans une société qui tend à la division et est régie par l’individualisme, le désir de se reconnaître traduit aussi le besoin de se rapprocher de l’autre, d’appartenir à une communauté d’intérêts. « Il y a un besoin d’individualité par la communauté. On ne se comprend plus, la société est assez divisée.

Et se retrouver dans une communauté de langage comme l’astrologie traduit un besoin de connexion et d’appartenance. Porter son signe astrologique sur soi nous permet de nous rapprocher de l’autre, de créer sa nouvelle famille. Cela fait énormément de bien.  » Et si c’était ça l’essentiel ?

Texte de Lisa Hanoun

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