Comment est née votre passion pour l’illustration ?
« Au départ, je voulais faire le même métier que ma mère : styliste. Elle a dessiné des silhouettes tout au long de sa carrière et cela m’a toujours fasciné. Malheureusement, le monde de la mode a changé au fil des années et c’est devenu plus difficile de réussir dans le milieu. L’école Penninghen s’est imposée comme le bon compromis pour que je puisse quand même me former dans un domaine que j’aimais et cultiver ma créativité. Et puis finalement, je me suis totalement prise de passion pour l’illustration notamment grâce à ma professeur de l’époque. »
Vous vous définissez comme une artiste engagée, d’où vient cette prise de conscience et qu’est-ce que cela signifie ?
« En 2019, j’ai eu la chance d’être contactée par une créatrice de gourdes en inox qui m’a complètement sensibilisé à la pollution plastique dans les océans. Comme tout le monde, j’en avais entendu parler mais cela ne me touchait pas au point de changer radicalement mon quotidien.
Devoir créer ces petits stickers pour décorer les gourdes, avec des messages de sensibilisation par rapport à la pollution, m’a complètement ouvert les yeux. À travers mes recherches, je suis tombée sur des créateurs engagés et sur des livres comme “Zéro déchet” de Béa Johnson qui m’ont fait comprendre que l’écologie c’était toute une philosophie de vie. J’ai réalisé l’urgence de l’action et cela m’a complètement bouleversé au point d’adopter de nouvelles habitudes et surtout d’intégrer ces nouvelles valeurs à mon travail. Je fais très attention à la façon dont je choisis mes collaborations maintenant.
L’égalité homme-femme est une autre cause qui me tient particulièrement à cœur et je travaille notamment sur des projets d’éducation financière pour les femmes. »
Peut-on aujourd’hui être artiste sans s’engager ?
« Je trouve cela dommage de ne pas s’engager car l’art est une véritable arme. On le voit notamment lors de conflits, les œuvres d’art sont très vite prises pour cible parce qu’il y a au travers de l’art une sorte de puissance et de pouvoir qui se dégage.
D’un autre côté, les artistes engagés ne manquent pas mais parfois leurs œuvres, bien qu’elles soient sublimes, restent trop conceptuelles et ne nous touchent pas assez. »
Vous avez travaillé avec les plus belles maisons de luxe. De quelle collaboration rêvez-vous aujourd’hui ?
« J’adorerais travailler avec Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de la Maison Dior, qui est elle aussi très engagée, en imaginant par exemple des dessins brodés sur des vêtements. »
Crédit photo de Une : Jean Picon pour Say Who
Marine de Quénetain : www.marinedequenetain.com
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