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“Time waits for no one and it won’t wait for me” : rencontre suspendue dans le temps avec Jean Charles de Castelbajac et Maximilian Büsser

“Time waits for no one and it won’t wait for me” : rencontre suspendue dans le temps avec Jean Charles de Castelbajac et Maximilian Büsser

Parfois, il faut tenter sa chance. Maximilian Büsser à la tête de la marque horlogère suisse MB&F vient de dévoiler une nouvelle M.A.D.1 avec l’artiste français Jean Charles de Castelabajac. Tous les deux reviennent avec philosophie sur leur collaboration qui débute via un message Instagram.

Avez-vous déjà réalisé un rêve d’enfant ? Maximilian Büsser peut dire que c’est son cas. Fondateur de la maison horlogère suisse Maximilian Büsser & Friends (MB&F), il grandit dans les années 80, où le travail de Jean-Charles de Castelbajac colore les rues et les catwalks de son trio de couleurs pop. Installée dans l’horlogerie depuis 2005, MB&F oscille entre réalité et science-fiction avec des designs tous plus originaux les uns que les autres. D’une montre à l’apparence de vaisseau spatial, à celle d’une araignée ou d’un robot, on peut dire que l’horloger ne fait pas dans la simplicité.

Ces montres ne donnent pas seulement l’heure, mais se transforment aussi en œuvres d’art et en objets de collection. Si les collaborations permettent aux entreprises d’étendre leur visibilité, il s’agit aussi de confronter leur vision créative à celle d’un autre individu. Pour la marque de montres suisse, Jean-Charles de Castelbajac était le candidat parfait pour ajouter son grain de folie à la M.A.D.1. Limitée à 999 exemplaires, dont la moitié des pièces est proposée aux collectionneurs et amis de la marque, cette collaboration est une fusion entre deux mondes que rien ne semble rapprocher.

Afin d’en savoir plus sur la réalisation du projet « Time to Love », nous nous sommes entretenus avec les deux hommes dans le salon de Castelbajac pour un échange à cœur ouvert, figé dans le temps. 

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M.A.D.1 X JCC – JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC & MAXIMILIAN BÜSSER

Votre travail dans la mode a marqué de nombreuses générations et votre carrière artistique vous conduit aujourd’hui à collaborer à nouveau avec un horloger. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette collaboration avec MB&F ? 

Jean-Charles de Castelbajac : Aujourd’hui, je prends autant de plaisir à travailler que dans les années 70, car il y a désormais le digital qui nous permet à tous de rentrer en contact de manière impromptue. Maximilian m’a écrit sur Instagram et son profil m’a intéressé parce qu’il excelle dans son domaine qui est opposé au mien. En tant que designer, j’ai toujours échappé au temps puisque je crée des collections qui sortiront dans un an et qui s’inspirent du passé, alors on est toujours dans une sorte de jet-lag poétique. Cette relation au temps m’a toujours posé un problème finalement, mais j’ai voulu voir comment je pourrais m’approprier cet univers et le faire entrer également dans l’univers Castelbajacien.  

Maximilian, qu’est-ce qui vous a donné envie de collaborer avec Jean Charles de Castelbajac ? 

Maximilian Büsser : Derrière cet homme, il y a cinq décennies de créativité et d’innovation. Il a toujours su se réinventer et nous étonner. Je le suivais de près comme de loin et j’ai constaté une forme de résurgence ces dix dernières années, notamment par le biais de collaborations. Alors, j’ai tenté ma chance en me disant “au pire je prendrais juste un café avec lui”, et là l’étincelle a pris. Ce qui est intéressant dans une collaboration, c’est de se retrouver avec quelqu’un de différent qui va proposer une idée que vous n’auriez pas osé imaginer. MB&F est la seule entreprise à créer ces sculptures cinétiques, mais Jean-Charles a apporté sa poésie, cette romance et aussi cet espoir. Je mets beaucoup d’humanité dans mes pièces, mais il a réussi à le propulser à un niveau supérieur. 

Il existe plus d’une dizaine de modèles chez MB&F. Pourquoi avoir misé sur la M.A.D.1 pour exprimer votre art ?

JC : J’aime ce qui est rare et accessible. La beauté peut rassembler les gens et dans le projet MB&F, on retrouve également cette notion, car c’est la montre la plus « accessible » de la collection. 

M.B : Chez MB&F, les montres sont entre 50 et 200 000 euros mais cette pièce de la collection M.A.D.Editions va sortir à 3300 euros hors taxes. Alors, la complexité, c’est de ne pas seulement créer un objet, mais un objet fantastique à ce prix-là et qui puisse atteindre plus de personnes.

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M.A.D.1 X JCC

Pourriez-vous nous parler un peu plus précisément du modèle M.A.D.1 ? Pourquoi l’avoir appelé ainsi et qu’est-ce qui le rend si singulier ? 

M.B : Elle prend son nom de la MAD Gallery, un lieu qui accueille des artistes mécaniques et cinétiques, et que l’on a ouvert à Genève en 2011.  

À l’origine, j’ai créé la M.A.D 1 en 2014, mais elle n’était jamais sortie. ​​Et puis, arrive le Covid, 2020, et là, on se dit, vous savez quoi ? Allez, tout est permis. On va la sortir. Et donc, elle prend le nom de MAD Edition en rapport avec la MAD Galerie. D’ailleurs, MAD veut dire « Mechanical Art Devices ». Rapidement, Instagram s’en est emparé en réclamant ce modèle et en 2022, on a décidé de faire une petite série pour le public. Jean-Charles a choisi cette série pour faire sa variation. 

Combien de temps a pris la réalisation de cette montre du projet à la conception ? 

M.B : Il a fallu 2 ans au total, du projet à la conception. Lors de notre rencontre, deux ans auparavant, je lui ai soumis un canevas, puis il a choisi la pièce et son projet et a fait les dessins. Ici, le travail de Jean-Charles prend vraiment tout son sens. 

La montre comporte un mouvement inversé avec un rotor qui est ici mêlé à la vision romantique de Jean-Charles. On lit l’heure sur les côtés à la manière des driver’s watch qui datent des années 30. Il y a un cylindre des minutes et un cylindre des heures. Cette boîte est assez étonnante également, car elle ne comporte aucune vis ! L’ensemble est composé d’une pièce qui tient grâce à un assemblage cliqueté.  Le réceptacle sur lequel repose le cylindre du temps se présente en 5 axes, en 3D. En général, ce type de montres prend à peu près 18 mois à monter. 

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M.A.D.1 X JCC

Jean-Charles, cette montre comporte plusieurs particularités propres à votre esthétique. D’où puisez vous votre inspiration pour cette dernière création ? 

JC : Je dirais que j’ai eu plusieurs vies, mais que depuis quelque temps, je me sens serein. Ça ne m’était jamais arrivé. Pour moi, la notion du temps est vraiment précieuse comme disait les Rolling Stones : “Time waits for no one and it won’t wait for me”, et avec cette montre, j’ai le sentiment que le temps m’attend un peu, puisque c’est une montre qui va vivre au-delà de moi. 

Maximilian, en tant qu’horloger, comment réussit-on à combiner sa vision artistique à celle d’un designer de mode ? 

M.B : En tant que créateur horloger, on est assez unique dans le sens qu’il y en a plusieurs comme nous. Quand on crée, on ne crée que pour nous. On crée l’objet, l’objet qu’on a envie d’avoir, de porter et surtout de créer. Finalement, pour moi, créer est plus important que porter. Après, quand on collabore avec quelqu’un, il faut lâcher prise. 

JC : Je le vois bien aux réactions sous les post Instagram. Ce sont vraiment deux mondes qui s’entrechoquent ! Les collectionneurs de montres traditionnelles se demandent à quoi ils font face et déclarent que ce n’est pas pour eux. À l’inverse, d’autres rêvent de l’avoir. Il faut oser et revendiquer ses idées. 

La base du cadran présente aussi la citation suivante : « Ce trésor rare et précieux, c’est ta vie. Le temps vole de ses ailes blanches. Tu es le gardien de ton temps.” Pourriez-vous nous l’expliquer selon vos propres mots ?

JC : Comme tous mes poèmes, c’est une fulgurance. Donc, c’est quelque chose qui s’est inscrit tout seul. En faisant un métier aussi créatif que le mien, c’est un chemin d’expérimentation, et j’ai tenté cette approche philosophique. Je me dis qu’on est gardien de nos vies et que c’est précieux. 

Sur la M.A.D.1, on retrouve d’autres de vos codes emblématiques comme les coloris rouge, bleu, jaune et même vert. Comment avez-vous choisi les couleurs qui figurent sur la montre ? Que représentent-ils pour vous ?

JC : On a commencé par beaucoup de dessins. Puis, on était dans quelque chose de plus onirique lors de la création. Puis, je suis rapidement venu avec cette idée d’arc-en-ciel et d’anges au travers desquels on pourrait lire une phrase. On identifie aussi mon style chromatique avec le jaune citron, le rouge tomate ou le bleu des bleuets. Il était important pour moi d’apporter de la couleur à cette mécanique métallique. 

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M.A.D.1 X JCC – JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC

Quelle est la plus grande difficulté à laquelle vous avez dû faire face pour le design de cette montre ? 

M.B : En tant que créateur technique, j’ai dû faire en sorte que ces idées deviennent de belles réalités. Très rapidement, Jean-Charles a évoqué l’idée des anges, et en particulier des ailes. On voulait que ce soit en relief et cela sous-entendait de refaire toute la technique du système de remontage, parce que ça ne passait pas avec les ailes. 

Avec cette collaboration, vous mettez une nouvelle fois votre vision créative à l’épreuve. Hormis les vêtements, pourrions-nous vous imaginer designer une autre montre après celle-ci ? 

JC : Avant toute chose, j’aimerais dessiner mes propres vêtements. Au bout de 50 ans de créations,  je me trouve être mon premier mal aimé parce que j’ai un style assez simple que j’aimerais diversifier. Je suis déjà très fièr de cette montre que je trouve très liée à la pop culture et je la sens proche du côté street que j’aime particulièrement. Elle n’est pas qu’un objet de culte, mais fait écho à mon travail de street artiste également. Donc, hormis la M.A.D 1, je ne sais pas trop ce que je pourrais faire de plus, mais pourquoi pas retravailler avec Maximilian ?

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