Alors que la coupe délicate d’Azzedine Alaïa va laisser sa place au maestro de la photographie, Paolo Roversi, il y a toujours une bonne raison d’aller se divertir au Palais Galliera. C’est la première monographie parisienne dédiée à Paolo Roversi. Pour l’occasion, cette exposition révèle 140 œuvres, dont des images inédites, des tirages Polaroid, et des archives. Un parcours dans l’œil d’un artiste qui a su résister à la tempête de l’intelligence artificielle. 

A l’ère du “nouveau” numérique, pas facile de se faire un nom. Et pourtant, d’origine italienne, Paolo Roversi a fait ses preuves dans le domaine de la mode depuis son installation à Paris en 1973. Ses collaborations avec des icônes comme Yohji Yamamoto, Romeo Gigli, et Rei Kawakubo pour Comme des Garçons confirment son approche aiguisée, avec le choix du studio, la chambre grand format, et du Polaroid, sa signature artistique. 

Paolo Roversi nous emmène dans son voyage à travers le temps, d’abord du noir et blanc pour augmenter l’émotion, du sépia pour plonger dans de doux souvenirs, et des couleurs denses à la lampe torche, plus subtiles et mystiques. À travers 50 ans de carrière, le photographe a créé son propre langage, l’instant est rare, et les hasards que l’on peut prendre en photo sont autant d’opportunités que de palpitations.

« Un long temps de pose, c’est laisser à l’âme le temps de faire surface. Et laisser au hasard le temps d’intervenir. »

Paolo Roversi

Chez l’artiste, les photographies de mode sont loin des courants éphémères, un brin de lumière pour faire ressurgir un visage, un grain de beauté révélé, et l’essentiel est déjà là. En effet, les mannequins les plus renommées ont posé devant l’objectif de Roversi, sans artifices ni accessoires. Pas question de poser selon les diktats de la mode, mais se laisser surprendre, s’abandonner totalement devant l’objectif. Le photographe dispose de son propre studio ; les portraits, pris à la lumière du jour avec des expositions prolongées, dégagent intensité et fugacité propre à l’artiste. 

L’exposition au Palais Galliera met en lumière les collaborations de l’artiste, avec des maisons de renom comme Dior. Si l’architecture du XIXe siècle du temple de la mode le classe directement sur le podium des lieux culturels à Paris, le travail de lumière (caractéristique première de l’artiste) est mis à l’honneur, avec une analyse détaillée de deux types de lumière présents dans ses œuvres. D’abord l’artificielle, utilisée pour sculpter l’image avec dynamisme. Puis, une lumière naturelle, pour être dans l’instant présent. 

La conception d’éclairage de l’exposition suit les mêmes principes, assurant ainsi une harmonie avec les photographies de Roversi. Côté cadre, les structures sont fines et légères, constituées de châssis en bois tendus de textile, choisies selon l’approche minimaliste de l’artiste. Cette sélection vise également à réduire l’utilisation de matériaux non-recyclables et à minimiser les finitions, pour une approche éco-responsable de la scénographie.