Qu’existe-t-il entre le passé et le présent ? Un lien souvent utilisé par la mémoire, qui agit comme un pont pour permettre à nos expériences passées d’influencer notre réalité actuelle. Une interaction qui peut être envisagée comme une sorte de dialogue continu entre ce que nous avons vécu et ce que nous vivons. La mémoire n’est pas qu’un enregistrement du passé, mais aussi un processus actif de reconstruction, de souvenirs filtrés, interprétés et parfois transformés par nos perceptions, émotions et besoins. Un passé dynamique plus que statique ; c’est le pari de Levi Van Veluw. « We do note remember » est revisité à travers le prisme du présent. Un mouvement actif dans l’art, où l’on retrouve des œuvres qui nous rappellent combien les souvenirs forgent l’identité ; entre réalité ou imaginaire, factuel ou réel, plusieurs questions subsistent quant à cette introspection de l’artiste. 

Fondée en 1996 par Stéphane Magnan, la Galerie Les Filles du Calvaire s’est établie comme un temple de l’art contemporain dans le quartier historique du Marais à Paris. Située initialement au 17 rue des Filles-du-Calvaire, la galerie a récemment étendu son espace avec une nouvelle adresse au 21 rue Chapon, un gage de développement culturel pour l’art et la ville Lumière. En 2023, cet espace additionnel de 300m2 permet à la galerie de diversifier ses activités et d’offrir une plateforme plus grande pour les dialogues artistiques.

Pour « We do not remember », van Veluw transforme radicalement l’espace de la galerie. Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par une installation troublante : 120 répliques de la tête de l’artiste, disposées de manière chaotique, semblent se presser et s’entrechoquer en une foule dense et aliénante. Une perspective perturbante qui  pose immédiatement des questions sur l’identité et la répétition, dans une ambiance de confinement. 

Vivant et travaillant à Amsterdam, l’artiste van Veluw est respecté pour ses œuvres multidisciplinaires qui englobent installations, sculptures, dessins et films. Des créations profondément autobiographiques et intimes, afin d’en explorer les émotions universelles. 

Un cylindre monumental de 6 mètres de haut attire le regard au milieu du parcours. S’étendant sur deux étages, il permet de diviser l’espace. Ce dispositif carcéral, sans issue visible, est entouré de murs tapissés d’étagères remplies de centaines de têtes. Seraient-elles les multiples facettes de sa personnalité ? Ou peut-être les recoins cachés de l’esprit de l’artiste ? Cet environnement suggère un lieu de production ou de stockage, mais peut également être interprété comme une représentation visuelle du cerveau humain.

L’exposition présente également des sculptures, dessins minutieux et des films qui continuent d’explorer les thèmes de l’ordre et du chaos. Un cours de philosophie est lancé pour les visiteurs avec un sujet passionnant au programme : la quête de contrôle ainsi que la manière dont nous construisons et déconstruisons nos souvenirs et nos réalités. « We do not remember » de Levi van Veluw invite à se confronter soi-même dans un espace où la mémoire personnelle devient universelle, une expérience artistique qui vous attend à la Galerie Les Filles du Calvaire, du 2 mai au 8 juin 2024.