Il y a presque un an, le 3 février dernier, la sphère mode pleurait l’un de ses piliers. À l’âge de 88 ans, le géant de son époque Paco Rabanne décédait à Portsall, en Bretagne.

Au cours de sa vie, Francisco Rabaneda y Cuervo – initialement connu sous ce nom – a su faire vivre le corps des femmes (et des hommes) d’une manière tout à fait inattendue. Découvrez, ci-dessous, 10 faits que vous devriez connaître sur le maître de l’acier de la mode.

Il a baigné dans la mode dès l’enfance

Comme on pourrait le dire de manière familière « la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre », n’est-ce pas ? C’est en 1934, plus exactement le 18 février, que le futur prodige vient au monde à Pasaia en Espagne. Son père est officier et sa mère première main (couturière dans le jargon de l’époque). Mais attention, pas dans n’importe quelle boutique du centre… María Luisa Cuervo Fernández manie ses talents pour Cristóbal Balenciaga, vous l’aurez compris, le fondateur de la maison Balenciaga.

De ses premiers pas à son début de vie adulte, le jeune homme gravite autour de croquis, de tissus en tout genre et de grandes robes de soirée. Un élément plus que déterminant dans sa construction qui le mènera à devenir, à son tour, l’un des plus grands créateurs de son ère.

Son père est mort à ses 5 ans

Bien que sa jeunesse fût bercée par le monde de la beauté, cela ne l’a pas empêché d’être confronté à l’horreur très tôt. À ses 5 ans, son père Francisco Rabaneda Postigo est fusillé par les franquistes lors de la guerre civile d’Espagne en 1939. Très peu de temps après, sa veuve et leurs quatre enfants quittent l’Espagne et emménagent en France à Morlaix.

Il a commencé dans la fabrication artisanale d’accessoires

Rendu à l’âge de 29 ans, et après avoir fini ses études d’architecture aux Beaux-Arts de Paris, il se lance dans la conception d’accessoires fantaisistes. Certains brodés s’attachent à des vestes, d’autres à des robes. Il ira même jusqu’à co-créer une collection de « Pacotilles », comme il les appelait, en Rhodoïd avec trois stylistes.

Le métal le suit depuis ses débuts

Depuis les prémices de sa carrière, le modéliste espagnol a toujours eu un attrait particulier pour le métal. Au mois de février 1966, il fait son entrée dans la cour des grands en présentant sa toute première collection haute couture « 12 robes importables en matériaux contemporains ». Comme son nom l’indique, cette dernière est composée à partir de sequins, des plaques métalliques et de Rhodoïd. À l’hôtel George V, sur une musique du compositeur Pierre Boulez, il a ébahi les spectateurs avec des silhouettes novatrices qui le suivront jusqu’au bout de sa carrière.

Coco Chanel le traitait de métallurgiste

Quand on pense à la marque Paco Rabanne, on imagine instantanément un style moderne, des robes métallisées et des textures improbables. Une renommée souvent à la frontière entre l’émerveillement et l’incompréhension. Coco Chanel, par exemple, était de ce qui s’y perdait. Quand on parlait de lui, elle s’exclamait « Ce n’est pas un couturier, c’est un métallurgiste ! ».

Il était bien plus qu’un créateur de mode

Bien que tout le monde n’était pas de cet avis, Paco Rabanne était bel et bien un créateur de renom. Mais ses talents ne s’arrêtaient pas à cette seule profession. Au cours de sa vie, il a notamment étudié l’architecture, était artisan, il a excellé dans la mode et dans la parfumerie, s’est essayé à la peinture et même au design d’intérieur.

Audrey Hepburn a fait faux bond à une maison pour lui

En plus des mannequins et des nombreuses célébrités qu’il vêtait, Paco Rabanne habillait également le cinéma. De nombreuses actrices ne juraient que par lui. Audrey Hepburn est même allée jusqu’à « trahir » Givenchy, maison à laquelle elle était particulièrement fidèle, en portant une robe Rabanne dans la comédie Voyage à deux. Une véritable œuvre d’art composée de plus de 6500 pièces en forme de disques assemblées à la main à Paris.

Il était l’un des pionniers de l’inclusivité dans la mode

À son époque, dans les années 1960, il était encore malheureusement impensable de faire défiler des mannequins noirs sur les podiums. C’est Paco Rabanne, lui-même, qui leur ouvra les portes de la mode. Et cela, qu’importe les jugements.

Lors de son défilé de juillet 1964, la presse américaine s’est offusquée en voyant une mannequin noire en robe de mariée marcher sous l’emblème de la marque. Une initiative avant-gardiste qui lui fermera de nombreuses portes mais qui le rapprochera également de certains noms du métier comme Yves Saint Laurent qui fit de même.

Il avait des sortes de prémonitions

Personnalité excentrique par excellence, le modéliste espagnol a des nombreuses fois fait parler de lui. Et pas toujours dans le bon sens. Petit-fils d’une chamane, Paco Rabanne se vantait de ses talents de médium et de prédicateur. Dans de nombreuses interviews, il s’est confié sur ces prémonitions, prédictions et autres concepts ésotériques dont il était adepte.

À Thierry Ardisson, il jurait être la réincarnation d’une « putain » ou plutôt d’une maîtresse de Louis XV. Qu’il avait rencontré Dieu trois fois, perdu sa virginité avec la Terre, parlé avec des extraterrestres, que l’apocalypse aurait lieu suite au crash de la station Mir sur Paris et ainsi de suite. Des déclarations qui ont laissé croire, à certains, qu’il devenait peu à peu sénile. De quoi lui faire perdre de son sérieux aux yeux des médias.

Il a délaissé la haute couture en 1999

À la fin des années 1990, la nouvelle tombe : Paco Rabanne ne fera plus de haute couture. Les lignes de prêt-à-porter sont déléguées à la styliste Rosemary Rodriguez, puis à Patrick Robinson jusqu’à la fermeture de la marque en 2006.

Pendant ce temps, le créateur vaque à ses occupations : il écrit sur ses vies antérieures, s’adonne à la peinture et se cultive sur l’ésotérisme. En 2013, alors que la maison s’est reconvertie en parfumerie, Julien Dossena reprend les rênes. En l’espace de 10 ans, le jeune directeur artistique a replacé Rabanne parmi les plus grands noms du secteur.