Le lien entre la célébrité et la mode ? La capacité des personnalités célèbres à influencer et à incarner les nouvelles tendances. Depuis près de six décennies, Jean-Daniel Lorieux a tissé sa toile photographique sur ce pont entre mode et célébrités. Quelques noms pour vous mettre en haleine : Courrèges, Chanel, Dior et bien d’autres encore. Mais allons voir plus loin que les mannequins étoilés, et découvrons le talent de Jean-Daniel Lorieux. Dans son œil, pas de frontières de l’âge, il arpente la planète avec une énergie inépuisable, avec pour objectif de saisir la beauté éphémère. De Claudia Schiffer à Salma Hayek, en passant par Johnny Hallyday et Jacques Chirac, chaque cliché révèle une histoire, un souvenir figé dans l’éternité de l’image. L’exposition au Musée Jean-Honoré Fragonard à Grasse est le lieu idéal pour passer la barrière du temps et de la renommée.

Jean-Daniel Lorieux est né à Paris en 1937. Assistant au célèbre Studio Harcourt dès 1964, le photographe Lorieux se forge rapidement une réputation en tant que photographe indépendant, prônant l’utilisation de la couleur dans un monde alors dominé par le noir et blanc. Rapidement, les îles idylliques du Sud deviennent ses studios de prédilection, où il chasse le soleil, la lumière et la joie.

À une époque où les mannequins commençaient à se transformer en véritables icônes, Jean-Daniel Lorieux, un pas d’avance,  les met en scène pour les plus grands magazines de mode. Les maisons de couture Cardin, Lanvin, Céline, Dior et Paco Rabanne font appel à son talent.

« Les belles années de la mode, joyeuse en créativité, furent pour la photographie de 1980 à 2000. À cette époque, tout me semblait fantastique et les couturiers étaient d’une immense créativité, tous différents entre eux, que ce soit Dior, Paco Rabane, Cardin, Lapidus, Courrèges… Maintenant les défilés sont extraordinaires, dans des décors incroyables, il y a eu un véritable bond en avant. La seule chose que je regrette peut-être est qu’on ait perdu le brin de folie qu’il y avait autrefois, aujourd’hui les mannequins défilent avec le visage très fermé », nous éclaire Jean-Daniel Lorieux.

Un style qui se démarque par une sensualité, un soupçon de provocation et une touche de chic indéniable. Des clichés, toujours surprenants et imprévisibles, se veulent tantôt érotiques, tantôt joyeux avec un humour taquin. 

Jean-Daniel Lorieux réalise également de nombreux portraits de personnalités, attirées par son regard bienveillant et proche du président Jacques Chirac, rencontré à Antibes en 1987, il devient le photographe officiel de sa campagne pour les élections législatives de 1988.

« Un jour en 1991, nous étions en séance photo pour Céline, fraichement repris par M. Arnault, sur la Place de la Concorde car Mme Chirac, épouse du maire de Paris à l’époque, me reprochait d’être toujours au bout du monde et pas dans notre capitale pour mes shootings. Me vient alors à l’esprit de la contacter afin de savoir s’il était possible d’ouvrir la plaque d’égout au milieu de la Place. Interloquée, Mme Chirac ne comprend pas le but de cette requête mais nous envoie immédiatement un égoutier. C’est donc ce monsieur qui a fini comme modèle sur cette campagne de mode », confie le photographe.

Une ambition artistique qui l’amène même à expérimenter le pop-art après une rencontre marquante avec Andy Warhol. En 2008, il se lance dans un projet ambitieux : retranscrire Le Maître et Marguerite de Bouglakov en photographie, avec la participation d’Isabelle Adjani.

Salué pour sa contribution à l’évolution de la photographie de mode, le célèbre photographe met en avant sa positivité et son originalité à disposition du Musée Fragonard, à Grasse.