Alors que la Fashion Week Haute Couture ne faisait que commencer, Sara Chraïbi a présenté sa nouvelle collection de pièces sur mesure pour le printemps 2024. Au sein du Théâtre du Châtelet, la créatrice marocaine a rendu un hommage touchant et subtil à une catastrophe survenue dans son pays il y a quelques mois.

Quelques minutes après la fin de son show, alors que les mannequins quittaient leurs robes sur mesure, elle nous a reçus dans les backstages et a répondu à nos questions.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de faire défiler vos créations pour la troisième fois à la Fashion Week Haute Couture de Paris ?

Sara Chraïbi : À chaque fois, défiler à Paris est un défi auquel il faut parvenir. Chaque fois, c’est comme une première fois et j’en suis toujours autant heureuse. On a le cœur qui bat vite, on veut donner le meilleur, on a hâte que le public découvre la collection et nous fasse des retours. Paris est une scène tellement établie et tellement belle que cela prend des proportions totalement différentes. Et je dirais que c’est ça la magie de Paris.

En tant qu’invitée étrangère du calendrier, vous n’avez pas d’ateliers à Paris. Est-ce un souhait pour le futur ?

S.C : Je pense que mon travail est très enraciné dans mon Maroc natal. Pour autant, j’espère qu’avec le temps, ouvrir mes ateliers à Paris sera possible. Aujourd’hui, ce sont des allers-retours incessants entre mon pays et la France, dans laquelle j’ai d’ailleurs habité plusieurs années. Il me faudrait un centre de gravité entre les deux, tout en conservant ce savoir-faire et cette identité propre à chez moi.

Justement, vous êtes connue pour utiliser des techniques ancestrales de l’artisanat marocain. D’où vous vient ce savoir ?

S.C : Quand j’étais enfant, j’ai appris la broderie avec une femme artisan et la couture avec ma maman. Ce savoir-faire est très présent au Maroc. Nous portons toujours des vêtements traditionnels pour nos fêtes. C’est quelque chose qui m’a beaucoup nourri à travers mon quotidien. Cet art de s’apprêter, de montrer le meilleur de soi. Il y a une élégance à la marocaine que l’on retrouve dans mes pièces et tout particulièrement dans ma confection.

Dans la collection, on retrouve des sortes d’éléments naturels, comme des vagues, de l’eau, des branches et des couleurs terreuses, quelle importance ont-ils ?

S.C : Cette nouvelle collection, pour le printemps-été 2024, s’appelle « La Terre ». C’est un hymne à la Terre et à l’enracinement. Il s’est passé quelque chose au Maroc en septembre dernier : le plus important tremblement de terre enregistré sur notre sol. Je voulais créer des pièces pour permettre aux gens de se sentir attachés à leur terre, à la Terre qu’on aime, par un lien indéfectible malgré les événements douloureux qui peuvent l’entraver.

Sur le podium, on a également relevé un imprimé très intéressant, pouvez-vous nous en parler ?

S.C : En effet, il a ouvert et refermé le défilé. C’était la première fois que je travaillais l’imprimé, que j’ai rebrodé et reperlé. J’ai voulu représenter la mosquée de Tinmel du XIIe siècle, joyau de l’UNESCO, qui a succombé lors du tremblement de terre. Je voulais simplement lui rendre hommage.

Et pour finir, comment décririez-vous la maison Sara Chraïbi en trois mots ?

S.C : Élégante. Juste. Et peut-être architecturale.