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Fabrice Pellegrin (Firmenich) : « Vétiver, l’élégance au masculin »

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Fabrice Pellegrin (Firmenich) : « Vétiver, l’élégance au masculin »

ORIGINAIRE D’INDE, LE VÉTIVER, DONT LE NOM EN TAMOUL SIGNIFIE « RACINE QU’ON DÉTERRE », OCCUPE UNE PLACE DE CHOIX DANS L’UNIVERS DES PARFUMS MASCULINS. SON PROFIL OLFACTIF BOISÉ ET TERREUX CONFÈRE ÉLÉGANCE ET PUISSANCE À CHAQUE COMPOSITION. DES CARACTÉRISTIQUES QUI EN FONT L’UN DES INGRÉDIENTS DE PRÉDILECTION DE FABRICE PELLEGRIN, PARFUMEUR PRINCIPAL ET DIRECTEUR DE L’INNOVATION DES PRODUITS NATURELS CHEZ FIRMENICH.

Qu’est-ce que le vétiver et pourquoi est-il autant plébiscité dans les parfums masculins ?

Fabrice Pellegrin : Le vétiver est une plante tropicale aux feuilles longues et fines. De ses racines robustes, ancrées dans le sol à la verticale, on extrait l’huile essentielle utilisée en parfumerie. Le vétiver a un profil olfactif boisé et terreux ainsi qu’une virilité naturelle qui en fait un ingrédient idéal pour les parfums masculins. On l’utilise généralement en note de fond pour apporter de l’élégance, de la puissance et de la tenue au parfum.

Qu’est-ce que vous évoque le vétiver et pourquoi estce un ingrédient que vous aimez autant travailler ?

F.P. : Le vétiver est un ingrédient fascinant car il possède une véritable complexité olfactive. Il déploie de multiples facees qui en font sa richesse. Son odeur s’exprime avec une identité boisée, terreuse, fumée et légèrement cuivrée mais aussi fraîche avec des tonalités de pamplemousse. Cette richesse olfactive apporte immédiatement beaucoup de dimension à mes compositions. Je l’apprécie aussi pour son élégance noble et son caractère intemporel créant une impression de noblesse et de sophistication. Le vétiver est également une invitation au voyage, il évoque les contrées lointaines et l’aventure.

Comment le choix de la provenance et de la qualité du vétiver peut-il influencer le résultat final d’une composition ?

F.P. : Le vétiver est influencé par le lieu où il est cultivé, le processus de transformation auquel il est soumis, ainsi que le temps de distillation, chacun de ces facteurs ayant un impact significatif sur son profil olfactif. Le vétiver d’Haïti se distingue par ses notes boisées, terreuses et chaudes, avec des nuances légèrement poudrées et des inflexions hespéridées rappelant le pamplemousse. Le vétiver de Java se caractérise par des tonalités plus sombres, cuirées et fumées, attribuées à un temps de distillation plus long qui renforce cette dimension fumée. Bien que le vétiver d’Haïti demeure une variété prisée en parfumerie, nous explorons chez dsm-fi rmenich de nouvelles origines pour élargir la pale e du parfumeur et favoriser des pratiques agricoles durables.

Quels sont les autres ingrédients qui se marient bien avec le vétiver dans les parfums masculins ?

F.P. : Grâce à sa profonde richesse, le vétiver se marie harmonieusement avec de nombreux ingrédients. J’aime pousser ses infl exions boisées en l’associant à du cèdre, du pin, d’autres bois et résines, ou jouer avec sa dimension élégante, en l’entourant de notes poudrées, racines d’iris. Pour renforcer ses face es fumées, des ingrédients sombres comme l’encens ou le tabac le rendent encore plus captivant et mystérieux. Les agrumes pétillants créent un équilibre subtil entre fraîcheur et chaleur.

Parlez-nous d’une composition dont vous êtes particulièrement fier ?

F.P. : J’ai récemment créé pour Moncler un parfum autour du vétiver, le Bois Glacé. J’avais envie de composer un parfum vif, avec l’idée de créer un « souffle de vétiver ». Je me suis attaché à me re en exergue les face es fraîches du vétiver en l’associant à l’éclat de la bergamote de Calabre, et au fusant épicé des baies roses. Ces ingrédients sont très complémentaires du vétiver et créent un parfum harmonieux, boisé, frais et épicé.

Le vétiver peut-il également trouver sa place dans les parfums féminins ?

F.P. : Il est encore peu joué dans les parfums féminins. Cependant, l’idée d’introduire le vétiver dans un nouveau chypre féminin est une piste créative audacieuse et innovante, susceptible de bousculer les a entes et d’explorer de nouvelles dimensions. Bien que le marché ne soit peut-être pas encore tout à fait mûr, j’estime qu’il est essentiel de se risquer à explorer de nouvelles voies olfactives, car la parfumerie est un art en constante évolution. 

Article paru dans le n°5 d’OniriQ

<<< À lire également : L’interview parfumée : nez à nez avec Jean-Claude Ellena (Le Couvent) >>>

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