« Cette saison explore un univers suspendu entre rêve et drame, où la couture devient un langage puissant », explique le communiqué officiel Tony Ward. Depuis sa première collection en 1997, le créateur libanais n’a cessé de construire un monde entre strass et paillettes où la silhouette féminine se retrouve magnifiée. Pour l’automne-hiver 2025-2026, Tony Ward s’inspire de l’univers énigmatique du bal masqué pour célébrer l’expression de soi par la mode, et plus particulièrement la haute couture. Installés dans l’Hôtel Pozzo Di Borgo, magnifique demeure située sur le boulevard Saint-Germain, les invités ont pu découvrir une procession enivrante au doux parfum de soirée costumée.
Théâtre baroque en plein Paris
La haute couture fascine par son aspect inaccessible. De facto, Tony Ward habille les plus grandes stars sur les tapis rouges durant des cérémonies scrutées par le monde entier. Pour son défilé couture automne-hiver 2025-2026, ce dernier imagine des looks raffinés incarnant une « persona distincte ».
Puisant dans le passé, Ward réinvente la richesse ornementale de l’époque baroque à travers un prisme contemporain mêlant alors savoir-faire moderne et codes historiques. L’opulence devient une armure tout comme le masque qui cache le visage de certaines mannequins. Une manière de se camoufler derrière une personnalité nouvelle et hypnotisante. Les silhouettes se veulent plus affirmées tout en gardant l’aspect glamour de la griffe Tony Ward.
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L’art du détail
Tony Ward se distingue par des créations somptueuses, majoritairement des robes, qui subliment le corps. Les découpes en velours dévoré et les broderies baroques structurent les lignes de la silhouette comme un bouclier. Des appliques 3D fait à la main surgissent des coutures et illustrent un savoir-faire en constante mutation. Les perles sortent de leur zone de confort pour s’entrechoquer entre elles dans une rivière immaculée digne d’une tragédie de Jean Racine. Tom Ward fait dans la dentelle, contrairement à l’expression, et exploite chaque petit détail quitte à parfois (trop) emprisonner les corps en mouvement.
Manches volumineuses, couches métalliques, dentelles transparentes… Les contrastes s’installent pour créer du volume, un effet qui donne aux personnalités, un surplus de confiance. Tony Ward semble aussi s’inspirer du conte de fées avec différents chapitres dans sa création, tantôt des tenues aux couleurs froides parfois rosées, tantôt des ambres intenses, des rouges profonds et des teintes terreuses qui emportent l’œil observateur dans un récit captivant. Entre mythes et légendes, le créateur s’aventure dans les tréfonds de la haute couture et tisse une toile théâtrale aux personnages distincts. Les motifs ne sont pas sans rappelés les volutes d’Elsa Schiaparelli, des tentacules surréalistes aux fleurs tombant délicatement sur le visage.
Côté accessoire, Tony Ward s’empare du masque, objet de dissimulation par excellence. Appelé loup au XVIIIème siècle, il se place dans ce défilé comme le détail crucial d’une tenue de soirée. « Le masque, longtemps symbole de dissimulation, est ici réinterprété comme une surface réfléchissante – projetant les réalités intérieures, amplifiant les identités et accueillant la vulnérabilité », développe le communiqué officiel. De fait, il se pare de mille et une aspérités donnant l’impression d’un carnaval vénitien. Le dernier look, la sempiternelle mariée, vient clore le spectacle avec délicatesse dans un nuage de mousseline et de soie. Dans le va-et-vient incessant du taffetas, Tom Ward compose sa symphonie où la mode est la note principale.
