« Aller plus loin que l’optique fonctionnelle, élever la lunette au rang d’objet d’art, d’accessoire de mode au design solide », voici en quoi pourrait se résumer la marque Linda Farrow. Dans l’enceinte de l’hôtel Château des Fleurs, dans le 8e arrondissement de Paris, les équipes de la marque ainsi que son actuel directeur Simon Jablon nous ont reçus pour nous faire découvrir leurs prochains modèles. Une rencontre qui valait le détour.
L’histoire de la griffe remonte à 1970, quand Linda Farrow elle-même se décide à lancer sa maison axée sur l’eyewear. Un défi que l’on pourrait, avec du recul, caractériser d’irréalisable. À l’époque, ce domaine est presque exclusivement dominé par des hommes, avec des designs très masculins. De son côté, la créatrice basée en Angleterre propose une approche féminine. Malgré tout, elle se fait très vite connaître et apprécier pour une particularité qui lui incombe : elle ne pense pas à la praticité en premier lieu mais bien à la beauté et à la qualité de ses produits.
En 2003, après une vingtaine d’années d’arrêt, la marque renaît de ses cendres avec à sa direction le fils de Linda, Simon Jablon. À l’aube de ses 24 ans, le jeune homme se découvre une passion incommensurable pour les lunettes en tombant sur des dessins originaux de sa mère. Il reprend alors le flambeau et décide d’ériger encore plus haut le label familial. Aujourd’hui, plus de deux décennies sont passées et Linda Farrow peut se vanter d’une renommée mondiale, de 30 magasins et concessions autonomes et de 500 grossistes mondiaux.
Le voyage de Simon Jablon
Quand on lui demande en quoi consiste son travail chez Linda Farrow depuis 20 ans, Simon Jablon répond instinctivement « ramener de nouveaux designs, en renouvelant également les anciens, tout en s’armant de la plus grande qualité pour permettre aux créations de traverser les années et les tendances », avec un franc sourire.
Pour lui, devenir lunetier de renom ne passe pas uniquement par le logo, comme de nombreuses marques peuvent le faire. « On essaie de repousser les limites de l’excellence, les gens veulent la qualité la plus haute, le meilleur du meilleur, et c’est mon métier d’aller chercher ça et de leur proposer. On utilise du titane pur japonais, du placage or 22 carats et de l’acétate italien que l’on polit sur quatre semaines », précise-t-il
Au cours de ses années, qu’il considère encore aujourd’hui comme un voyage extraordinaire, il a été amené à collaborer avec d’autres grands noms de la mode : le maître du métal Paco Rabanne, le styliste anglais Matthew Williamson, le minutieux Dries Van Noten, dernièrement Simon Porte Jacquemus pour sa maison éponyme et même le géant COS. « Quand j’ai repris les rênes de Linda Farrow, personne dans l’industrie ne faisait de collaborations. Je voulais justement partager mon art avec d’autres créateurs dont j’apprécie le travail. Tous mes collaborateurs sont selon moi des icônes de la mode, quand je regarde en arrière je me dis que j’aurai de quoi me vanter auprès de mes petits-enfants plus tard ! ».
Designs et proximité
Sa vision ne s’éloigne guère de celle de sa mère. « Le concept de Linda Farrow est d’apporter de la joie, quand vous mettez une paire de lunettes votre personnalité change avec celle-ci. Chaque pièce de mode a cet attrait de nous faire sentir différent ou de devenir qui l’on veut, pour nous il s’agit de la même chose avec les solaires ou les optiques », confie le directeur.
Aujourd’hui seul impliqué dans le processus créatif, aux côtés d’une équipe dont il ne tarit pas d’éloges, Simon Jablon propose chaque saison de nouveaux designs autour de ses iconiques revisités. Dernièrement, sa collection Black Series diverge de ce qu’il fait habituellement. Dans cet hommage à l’homme moderne, Linda Farrow décline des lunettes masculines tantôt optiques tantôt solaires toutes dans des lignes épurées, des formes robustes et une palette de couleurs élégante mais discrète.
Dans son catalogue robuste, l’actuel créateur doute quand on lui demande de choisir ses modèles favoris. Finalement, il tranche et nous propose le Cédric, disponible en lunettes de vue ou de soleil, les aviateurs Alma à retrouver en or rose, nickel ou or jaune, ainsi que les Eaves de la collection LINEAR.
Portée par de nombreuses célébrités comme Rihanna, Irina Shayk ou encore Kylie Jenner plus récemment, Linda Farrow et par conséquent Simon Jablon trouvent en réalité leur bonheur lorsqu’ils croisent leurs créations dans la rue. « C’est en les voyant portées par des inconnus, dans les quartiers de Paris ou d’ailleurs, que l’on se rend compte de notre travail », finit-il par conclure.
