Chez L’Entropiste, rien n’est figé. Les accords se frottent les uns aux autres, les matières se répondent dans un désordre maîtrisé, jusqu’à trouver un nouvel équilibre. C’est tout le sens du nom, inspiré de l’entropie : ce mouvement perpétuel où l’ordre bascule vers le chaos, avant de renaître sous une autre forme.
Pour donner corps à cette vision, la maison s’est entourée d’un parfumeur que les initiés considèrent comme l’un des plus singuliers de sa génération : Bertrand Duchaufour. De l’encens, il a fait une matière signature, travaillée sous toutes ses facettes, tantôt mystique, tantôt sensuelle. Ses créations pour Amouage, Comme des Garçons ou L’Artisan Parfumeur ont marqué la parfumerie contemporaine. Son style, puissant et texturé, colle parfaitement à la vision de L’Entropiste : créer des parfums qui ne se contentent pas de plaire, mais qui se veulent un véritable terrain d’expérimentation.
Sept créations, sept univers
Les créations reflètent cette ambition sans concession. Altamura met en tension la vivacité de l’orange douce et la chaleur ambrée du Cointreau, avant de plonger dans la profondeur de l’encens. Jodhpur 6AM capte le moment fragile d’un matin indien, entre abricot sec, tubéreuse et l’épice du chai. Blanc Sada joue la carte du floral poudré obsédant, quand Dorian’s Spleen assume un parti pris décadent : whisky, café et chocolat noir qui s’éteignent en cendres.
Voir cette publication sur Instagram
Plus tendre, Semence Douce alterne entre la douceur lactée de l’amande et la tension du safran, soutenus par une sève de tulipe verte. Dawn Whispers s’aventure du côté de l’abstraction, mariant aldéhydes glacés, musc et bois rares dans une impression de déjà-vu troublant. Enfin, Ensang Noir plonge la rose dans ses ombres les plus profondes, mêlée au cassis et à l’encens, comme une déclaration passionnelle et tragique. Des fragrances qui s’imposent comme des fragments narratifs, souvent à rebours des tendances consensuelles du marché.
Un écrin vivant au cœur du Marais
Pour prolonger l’expérience, direction le Marais à Paris, où L’Entropiste a planté son décor. Le choix n’a rien d’anodin : ce quartier, entre galeries pointues et adresses confidentielles, est devenu le terrain de jeu naturel des créateurs qui bousculent les codes. Ici, pas de vitrines interchangeables ni de mise en scène figée : la parfumerie s’affiche comme une œuvre en mouvement.
L’espace, signé par l’architecte Bertrand Fairerol, joue sur les contrastes : pierre brute, métal patiné, lumière naturelle et lignes minimalistes composent un décor à la fois radical et chaleureux. Mais l’âme du lieu se cache derrière : un véritable laboratoire, à l’abri des regards, où les formules se testent, s’affrontent et se réinventent. Boutique et atelier se confondent, brouillant les frontières entre création et expérience. Une rareté dans la capitale, qui séduit autant les amateurs de beaux objets que les passionnés de parfums d’auteur.
